lundi 14 janvier 2008

Les débuts du communisme et l'ère Ceaucescu


Le roi Michel essaiera en vain d’écarter les communistes mais, malgré le soutien populaire, il sera obligé d’abdiquer en décembre 1947 et de s’exiler.

Le pouvoir communiste s’installe alors par la force et proclame la République populaire de Roumanie, un pays complètement soviétisé.

Le parti ouvrier roumain imposera le principe du centralisme étatique : nationalisation du secteur privé de l’économie, collectivisation de l’agriculture, planification étatique de l’économie, industrialisation imposée, ouverture de camps de travail et de prisons…

La répression est très lourde à l’égard des intellectuels, des représentants de l’ancienne démocratie et de tous les opposants réels ou potentiels qui sont exterminés. La propagande soviétique se répand.

A la mort de Staline, en 1953, le premier secrétaire du parti ouvrier et président du conseil des ministres, Gheorghe Gheorghiu-Dej, devint, avec l’aide de Moscou, chef de l’état.

Il prend cependant vite ses distances avec Moscou pour se rapprocher de la Chine et entreprend une politique de destalinisation.

Il souhaite une ouverture internationale, mais la Roumanie reste malgré tout bien ancrée dans la sphère soviétique.

A sa mort, en 1965, Nicolae Ceaucescu, 37 ans, est coopté comme premier secrétaire du parti des travailleurs de Roumanie. Il rebaptise son pays la « République socialiste de Roumanie » et consolide sa position en se faisant élire, en 1967, en plus, comme président du conseil d'état.

Sa popularité dans les milieux de gauche européens est alors assez importante, en raison de sa politique indépendante à l'égard des dirigeants soviétiques. A l’intérieur du pays, l’ordre, la sécurité, et un niveau de vie acceptable par rapport à l’époque antérieure, entretiennent chez la population une certaine confiance.

Mais les premiers signes de dictature vont rapidement se faire sentir.

Dès 1966, projetant de porter à 30 millions la population roumaine en l’an 2000, Ceaucescu fait interdire l’avortement, la contraception et impose de sévères restrictions aux modalités du divorce.

Créant en 1974 le poste de président de la République, qu’il s’accorde, celui qui se surnomme le « génie des Carpates » ou le « Conducator » (soit le "guide" en roumain) et son épouse Elena, prétendument chercheur universitaire de haut niveau, directrice de l'Institut de recherche chimique, membre de l'Académie des Sciences roumaine et docteur honoris causa de très nombreuses universités à travers le monde (elle n'avait en réalité suivi que deux classes primaires), nommée par son mari n°2 du gouvernement, disposent d’un pouvoir absolu, et vont instaurer une dictature personnelle sans précédent.

L'historiographie roumaine de l'époque communiste le comparait d'ailleurs régulièrement avec les grands héros nationaux du passé.

Ces excès conduisirent le peintre Salvador Dalí à envoyer un télégramme de félicitations au conducător. Le quotidien du parti communiste Scînteia (L'étincelle), sans percevoir l'ironie de la démarche du peintre surréaliste, publia le texte du message dans ses colonnes, croyant y voir un témoignage de la gloire universelle du leader roumain.

Avec la « securitate », service de renseignements qui surveille les gens sur leurs lieux de travail et dans leur vie privée, les époux Ceaucescu mettent en place le régime communiste le plus sévère des pays de l’Est et mènent le pays à l’isolement international.

En 1972, Ceauşescu institue un programme de systématisation, inspiré des écrits d'Engels sur la réduction des différences ville-campagne. Conçue comme une manière de construire une société socialiste multilatéralement développée, cette ambitieuse politique se traduit par de nombreux bouleversements dans toute la Roumanie, et en particulier par la démolition systématique de nombreux villages, avec déplacement de la population dans des petites structures urbaines, souvent sans même attendre l'achèvement des programmes de construction.

A la fin des années 1970, Ceaucescu impose à la population un programme d’austérité destiné à rembourser la dette extérieure du pays en 3 ans : l’exportation est fortement augmentée, tandis que les importations sont bloquées.

Parallèlement, un programme scientifique de nutrition est mis en place, visant à rationner la population, grâce à des tickets de rationnement alimentaires.

Les projets pharaoniques (notamment le palais du peuple, à Bucarest, deuxième bâtiment au monde par sa superficie après le Pentagone !), à la gloire du parti et la propagande intensive contrastent avec la misère de la population qui n’est plus dupe depuis longtemps, mais craint la répression radicale immédiatement exercé par le régime à l’encontre de tout opposant, grâce à un véritable réseau d’informateurs.


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