mercredi 16 janvier 2008

L'indépendance et une famille royale d'origine allemande



Après le renversement de Cuza en 1866, le progressiste Bratianu, qui s’était réfugié à Paris après 1848, se voit confier la mission de trouver un prince à placer au pouvoir.

Il réussit à convaincre Charles de Hohenzollern-Sigmaringen, un prussien de 27 ans, qui en 1866, est installé par l’assemblée à la tête des provinces unies de Moldavie et de Valachie.

Bien qu'il ne soit pas très grand, et un peu frêle, le prince Charles est un militaire parfait, en bonne santé et discipliné, et aussi un très bon politicien, avec des idées libérales. Il connait bien plusieurs langues européennes. Sa famille est très liée à la famille Bonaparte, et il a de très bonnes relations avec Napoléon III. La Roumanie est à ce moment sous l'influence de la culture française et la recommandation de Napoléon III vis-à-vis du prince Charles pesait un grand poids aux yeux des politiciens roumains de ce temps, outre ses liens de sang avec la famille des souverains prussiens. Le jeune Charles voyage incognito en chemin de fer, sous le nom de Karl Hettingen, sur la voie Düsseldorf-Bonn-Fribourg-Zurich-Vienne-Budapest, en raison de la situation conflictuelle entre le pays et l'Autriche-Hongrie. Arrivé sur le sol roumain, Bratianu s'incline devant lui et lui demande de rejoindre son attelage (à ce moment, la Roumanie n'a pas de voies de chemin de fer).

On a dit que le roi Charles avait une personnalité froide. Il était tout le temps préoccupé par le prestige de la dynastie qu'il avait fondée. Sa femme Élizabeth disait de lui qu'il « portait sa couronne au lit ». Il était très méticuleux et essayait d'imposer son style à tout son entourage. Malgré son dévouement à son travail de prince et roi roumain, il n'a jamais oublié ses racines allemandes.

En 48 ans de règne (le plus long règne qu'une principauté roumaine n'ait jamais connu), il travaille à ce que la Roumanie gagne son indépendance, il hausse son prestige, il participe au redressement de son économie, et il installe une dynastie. Il construit dans les Carpates, près de la frontière austro-hongroise (la Transylvanie appartient encore à l'Autriche-Hongrie), le château de Peleş (voir http://un-tour-en-transylvanie.blogspot.com/), construit dans un style allemand, comme un rappel des origines germaniques du roi.

La dépendance, même symbolique à présent, vis-à-vis de Constantinople, est devenue insupportable, et en 1876, Charles se range aux côtés de la Russie dans la guerre qui oppose l’empire des tsars à celui des sultans.

En 1878, le congrès de Berlin entérine l’indépendance de la Roumanie qui adopte en 1881 le drapeau tricolore bleu-jaune-rouge et dont Charles deviendra le premier roi, Carol Ier, le 22 mai 1881.

Après la proclamation du royaume en 1881, la question de la succession est très importante. Comme le frère du roi, Léopold, puis son neveu Guillaume, refusent la couronne, son second neveu, Ferdinand, un prince allemand, est nommé prince de Roumanie et héritier du trône. Élisabeth, la reine, épouse de Carol Ier, essaie d'influencer le tout jeune prince, qui vit maintenant à Sinaïa, pour qu'il épouse une amie intime, qui est aussi une écrivaine célèbre, Hélène Vacaresco. Selon la constitution roumaine toutefois, il est interdit au prince d'épouser une roumaine. À cause de cela, Élisabeth est exilée deux ans à Wied, jusqu'à ce que Ferdinand épouse la princesse Marie d'Édimbourg, petite-fille coté paternel de la reine Victoria du Royaume-Uni et petite-fille, côté maternel, du tsar Alexandre II de Russie.

Ferdinand Ier succèdera donc à son oncle Carol Ier en 1914. Se voyant promettre des avantages territoriaux par les deux camps en échange de son soutien au début de la première guerre mondiale, la Roumanie finit par se ranger du côté des alliés en août 1916.

Le pays fera donc partie du camp des vainqueurs le 11 novembre 1918.

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